L’alcool est loin d’échapper à la contrefaçon qui empoisonne les plus grands producteurs de vins et de spiritueux au monde. Malgré les mesures prises par ces derniers pour lutter contre les contrefacteurs – toujours plus nombreux et ingénieux –, le phénomène ne semble pas connaître de limites. La technologie pourra-t-elle enfin mettre fin à ce fléau, pour la plus grande satisfaction des consommateurs et des producteurs?
Nouveau visage de la contrefaçon
Un rapport de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) révèle que la contrefaçon mondiale (importation de produits piratés et contrefaits) avoisinait 500 milliards de dollars en 2016. Davantage industrialisée et organisée à l’échelle mondiale, la contrefaçon d’alcool est tirée par la Russie, mais surtout la Chine qui, depuis quelques années, connait une progression impressionnante de sa production et de sa consommation d’alcool. Les contrefacteurs usent de ruses si perfides que bien, souvent, le mal est déjà fait avant que l’on ne puisse stopper les réseaux : des usines construisent des fausses bouteilles – jusqu’à 11 000 par heure –, des récupérateurs boivent un grand cru par le cul-de-bouteille, puis remplissent la bouteille d’un autre vin avant de reboucher le minuscule trou. Outre les morts et les blessés, la contrefaçon engendre un sérieux manque à gagner pour les producteurs et une image de marque entachée.
Une réaction à la hauteur de l’enjeu
Face à cette situation, les producteurs de vins et de spiritueux ont tout d’abord réagi en concevant des procédés divers et variés – plus ou moins onéreux et complexes – tels que les scellés sur les grands vins ou les tests d’authentification. Par la suite, ils ont été amenés à développer des dispositifs utilisant des technologies avec des éléments visibles à l’œil nu (overt), tels que les hologrammes, malheureusement trop facilement imitables et disgracieux sur la bouteille, et des éléments invisibles à l’œil nu sur la bouteille (covert), comme des impressions cachées ou codées, des marquages numériques, des matériaux ajoutés, lesquels nécessitent un dispositif pour décoder l’information. La solution ne résiderait-elle pas dans la technologie NFC (near field communication)? Une méthode sans contact, fiable et souple qui consiste à placer son téléphone cellulaire devant le bouchon de la bouteille qui comporte une puce NFC. Moyennant une application téléchargée au préalable, vous serez en mesure d’authentifier la bouteille et prévenu si elle a été ouverte auparavant. Rémy Martin, filiale du groupe Rémy Cointreau, a recours non seulement à ce principe de bouteille connectée, mais exige aussi des clients chinois une restitution des bouteilles, répertoriées et numérotées comme il se doit, afin de limiter – voire d’éliminer – la contrefaçon. Quant à Martell, filiale de Pernod Ricard, son code QR apposé sur ses bouteilles engendre près de 3000 connexions quotidiennes en Chine, qui permettent aussi d’authentifier l’article.
Face à ce fléau mondial, les Européens et les Américains se mobilisent, tout comme… les Chinois! Peut-être que l’implication de l’empire du Milieu – développement d’applications pour l’authentification de l’alcool basée sur la blockchain (VeChain Identity), signature de partenariats avec des sociétés étrangères pour le traçage de l’alcool (Direct Imported Goods sales center Ltd.) – permettra-t-elle d’obtenir plus rapidement et durablement des résultats concluants?