Découlant notamment du patriarcat, le sexisme au travail peut être difficile à identifier, tant il est intégré dans la culture de l’entreprise et qu’il peut se manifester sans violence particulière… mais il n’en est pas moins préjudiciable. Sous quelles formes s’exprime-t-il? Comment pouvons-nous réagir aux divers propos et comportements de certains collègues?
Diverses formes de sexisme
Qui n’a jamais eu dans son service un bon vivant qui se laissait facilement aller à des petites blagues, douteuses, à des allusions déplacées, à des remarques sur le physique, à des propos infantilisants ou encore à des gestes inappropriés à l’égard d’une collègue? Qui n’a jamais entendu parler de cas de harcèlement sexuel, voire d’agression sexuelle, dans son entourage? Ces formes explicites de sexisme ne font pas oublier celles plus « subtiles » que l’on retrouve également en entreprise et qui sont basées sur les croyances ou les stéréotypes. C’est ainsi qu’un gestionnaire préférera se garder de confier une mission complexe et chronophage à la gent féminine, doutant de ses compétences ou de ses possibilités de travailler en dehors des heures de bureau. De même, la prise de parole en réunion proviendra davantage des hommes, ceux-là mêmes qui ont la fâcheuse manie de couper la parole de leurs collègues féminines – à l’instar du candidat Trump qui a interrompu 51 fois la candidate Clinton lors du premier débat présidentiel, contre 17 fois pour elle! Enfin, le syndrome de mecsplication (mansplaining), décrit par Jessica Bennet dans son livre Feminist Fight Club, est tout aussi pernicieux : l’homme qui sait tout sur tout et qui va jusqu’à expliquer aux femmes comment penser et agir.
Agissez, ne vous isolez pas
Ces différentes formes de sexisme peuvent avoir des répercussions très importantes chez la victime tant sur le plan personnel que professionnel. Voici donc quelques conseils auxquels elle pourrait recourir afin de stopper ce comportement, bien souvent, inacceptable. Ayez tout d’abord à l’esprit qu’il faut non seulement réagir – pour éviter que la situation s’empire –, mais le plus rapidement possible. Comment? En commençant par lui demander de répéter ses propos. Il pourrait soit prendre conscience de sa grossièreté, soit être gêné d’avoir agi ainsi. Ensuite, vous pourriez mettre des mots sur ses paroles ou ses actes et en lui remémorant des statistiques ou des faits concrets incontestables : « Sais-tu que tu es en train de regarder mes seins et que cet agissement sexiste est répréhensible par la loi? » Il est très important de rester calme et d’intervenir sans violence ni agressivité; toutefois, si vous sortez de vos gonds au bout du énième propos sexiste de votre collègue, cela ne pourra que le surprendre, voire le calmer à jamais. Pensez aussi à préparer face aux « Ah, tu n’as pas d’humour. » ou « C’était juste une blague! » quelques contre-arguments tels que « Détrompe-toi, j’ai beaucoup d’humour, mais les blagues sexistes ne me font pas rire. ». Par ailleurs, ne vous isolez pas : trouvez-vous des alliés pour recadrer le fautif, ou tournez-vous si nécessaire vers la direction ou les RH qui sont censés protéger leurs salariés. Pour cela, ayez le réflexe de rassembler tout type de preuves (courriels, captures d’écran…). Enfin, prenez un peu de recul et du temps pour vous demander pourquoi ce propos ou ce geste vous a blessé. Vous serez alors encore mieux disposée à réagir comme il se doit, le cas échéant.
Pour qu’un terme soit définitivement mis aux propos et agissements sexistes en entreprise, ne faudrait-il pas, outre trouver des solutions aux problèmes, chercher aussi à traiter les causes, et notamment celles des stéréotypes inculqués aux enfants dès leur plus jeune âge?
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