Apparue il y a près d’un siècle et remise au goût du jour il y a plusieurs années, la culture aéroponique semble s’inscrire dans la troisième révolution verte. Cette nouvelle forme d’agriculture permettrait-elle de nourrir neuf milliards d’humains tout en réduisant les effets négatifs d’une agriculture intensive sur l’environnement?
Genèse de la culture aéroponique
Dès le début du XXe siècle, des botanistes se sont essayés à la première forme de culture aéroponique en souhaitant étudier la structure des racines. Ce n’est qu’à la fin des années 80 qu’un certain Richard Stoner a fait breveter la première serre façon aéroponique, suscitant ainsi l’intérêt de la NASA confrontée à la nécessité de cultiver fruits et légumes dans un environnement à faible gravité. Forte des études scientifiques concluantes menées par cette organisation américaine et d’une exposition médiatique inespérée, la culture aéroponique a connu un coup d’accélérateur. À moins que le vrai élément déclencheur ne soit Dickson Despommier qui, à la fin des années 90, interroge ses étudiants sur ce que pourrait être le monde idéal en 2050. Réponse : que la ville de New York soit autosuffisante sur le plan alimentaire. Les toits plats de Manhattan ne permettant de nourrir que 2 % de la population, il a fallu se tourner vers une production à l’intérieur des bâtiments (idéalement 200 fermes verticales de 20 étages pour subvenir aux besoins de New York en 2050!).
Une culture aux nombreux avantages
En cultivant les plantes avec les racines dans les airs, sans aucune terre, l’aéroponie semble ne présenter que des avantages. Nourries par une fine brume d’eau et de nutriments, ces plantes nécessitent moins de 10 % de l’eau utilisée en agriculture conventionnelle – intéressant lorsque l’on se souvient que 70 % de l’eau mondiale concerne l’irrigation, laquelle devient la première cause de pollution des plans d’eau. Cette meilleure alimentation sans pesticides associée à un contrôle très précis des conditions de la culture (température, CO2, humidité, forme des feuilles…) accélère le temps de pousse (15 jours au lieu de 40), augmente le nombre de récoltes par an (30 au lieu de 2 à 3 dans les champs). Avec cette nouvelle forme de culture qui ne requiert pas de champs à perte de vue, fini l’abattage de forêts à outrance, fini les fruits et légumes six fois moins nutritifs que le jour de la récolte dans les régions reculées, fini le pourrissement de 60 % des salades une fois arrivées en supermarché. Cette culture locale a très vite séduit le monde entier; à la suite de la sortie du livre, en 2010, de Dickson Despommier sur les fermes verticales, les premières cultures aéroponiques virent le jour en Corée, au Japon et aux Pays-Bas. Seul petit bémol, la consommation d’électricité qui augmente fortement. Heureusement, certains spécialistes se penchent déjà sur la question et préconisent, pour améliorer la photosynthèse, de retirer la couleur jaune du spectre de la lumière – celui-ci étant très énergivore.
Quelle belle avancée technologique que la culture aéroponique : qualité améliorée, production augmentée, pollution diminuée, ressources naturelles préservées… Son principe commence même à être décliné, à l’image de l’aquaponie qui permet l’élevage de poissons en symbiose avec la culture de végétaux. Reste à ce que ces diverses méthodes soient acceptées par les différents acteurs et qu’elles se répandent afin que leurs bienfaits soient réellement visibles.
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