Face à l’augmentation inévitable et inquiétante des débris spatiaux en orbite, la communauté spatiale internationale redouble d’efforts et d’ingéniosité pour trouver des solutions qui permettraient de réduire et d’éviter toute collision de ces objets artificiels entre eux et sur nos satellites. Dressons un état de la pollution spatiale avant de s’intéresser aux solutions, des plus originales aux plus prometteuses.
Des débris spatiaux toujours plus petits et dangereux
Parmi les 42 000 objets mis en orbite depuis 60 ans d’activités spatiales, seuls 1 200 sont toujours opérationnels. Le reste? Des débris spatiaux qui, avant de finir brulés en rentrant dans l’atmosphère, restent très longtemps en orbite, concentrés dans une zone où se trouvent également les satellites et la Station spatiale internationale (SSI). Et ce chiffre ne devrait que croître avec le projet OneWeb, qui prévoit la mise en orbite de près de 650 satellites de télécommunication d’ici 2022 pour offrir un accès mondial Internet à haut débit. Concrètement, le danger vient des petits débris (1 à 10 cm) qui ne peuvent être suivis par les agences de surveillance et qui dégagent une énergie cinétique telle que les satellites ne peuvent s’en protéger. Pour preuve, l’impact d’un débris de 10 g ayant une vitesse moyenne de 10 km/s serait plus élevé qu’un véhicule de 1 000 kg arrivant à 100 km/h sur un mur. L’impact d’un débris spatial sur un panneau solaire, sur un astronaute ou encore sur la SSI serait dévastateur sur les plans financier, technique et humain, mais il engendrerait surtout une multitude de nouveaux débris qui risqueraient de se heurter entre eux. Bref, cet effet boule de neige, appelé syndrome Kessler en 1978 par ce consultant de la Nasa, pourrait mettre fin prématurément à l’exploration spatiale et à l’envoi de satellites.
Des solutions à faire tourner la tête
Face à ce problème majeur, l’Inter-Agency Space Debris Coordination Committee a imposé une règle stipulant que tout objet « doit être désorbité après 25 ans d’inactivité » en le rabattant vers l’atmosphère ou en l’envoyant plus haut vers une « orbite cimetière ». Les propriétaires ne s’y conformant pas, les opérateurs se résolvent alors à limiter le nombre de débris spatiaux et les agences spatiales à trouver des solutions pour s’en débarrasser. Et les idées fusent : un câble électrodynamique qui, déroulé depuis le satellite, lui permettrait de descendre et de quitter son orbite; un filet de pêche qui emprisonnerait le satellite et qui serait tiré vers l’atmosphère; un chasseur spatial qui expulserait les débris grâce à son champ magnétique; un camion-poubelles spatial équipé d’un harpon et d’un filet; un véhicule-remorqueur multifonctionnel qui, muni de bras pinces robotiques et de capteurs, serait contrôlé depuis la Terre et pourrait non seulement réparer les satellites, mais aussi les désorbiter, une fois arrivés en fin de vie. L’idée la plus prometteuse et sur laquelle tous les espoirs reposent provient de l’université chinoise Air Force Engeniering qui préconise l’usage d’un laser, depuis l’espace et non de la Terre, qui bombarderait de rafales lumineuses, pendant quelques minutes, le débris afin de pouvoir le dévier d’une dizaine de centimètres. L’université chinoise y réalise actuellement des simulations de modèles en tenant compte de divers facteurs tels que l’angle d’attaque, la vitesse des objets ou encore l’inclinaison de la station de laquelle le laser serait manipulé.
Si les agences spatiales internationales persévéraient sur la piste du laser, qui semble bien prometteuse pour maîtriser les débris spatiaux en orbite, que de questions cruciales en découleraient : qui construirait ces stations dotées de laser? Qui contrôlerait ces armes qui pourraient être utilisées à mauvais escient… pour aveugler, voire détruire un satellite?
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