Source d’énergie et de revenus importante pour le Canada, l’énergie nucléaire doit toutefois composer entre ses partisans, qui louent le peu d’émissions de gaz à effet de serre, et ses détracteurs qui déplorent les effets dévastateurs des déchets radioactifs. Brossons un portrait de la situation mondiale et canadienne de l’uranium et des centrales nucléaires avant d’aborder la question environnementale.
L’uranium : de la production à l’exportation
Dans 99 % des cas, le quarante huitième élément naturel le plus abondant à la surface de la terre est utilisé comme carburant pour les centrales nucléaires, après avoir subi les phases d’extraction, de concentration, de raffinement, de conversion et de fabrication de combustible. Le Canada occupe le deuxième rang des pays producteurs d’uranium (22 % de la production mondiale) – derrière le Kazakhstan (39 %) et devant l’Australie (10 %) –, grâce à ses 13 130 tonnes d’uranium (données 2017) extraites exclusivement en Saskatchewan (Mc Arthur River/Key Lake pour 49,4 %, Cigar Lake à hauteur de 47,5 % et Rabbit Lake pour 3,1 %). Par ailleurs, le Canada est sur le podium en termes d’exportation (21 %), distancé par le Kazakhstan (43 %) et devançant l’Australie (11 %), le Niger (8 %) et la Russie (5 %). En 2017, 88 % de la production canadienne d’uranium a été exportée à travers le monde : 41 % en Amérique du Nord et latine, 39 % en Asie et 20 % en Europe.
Des centrales nucléaires et la technologie CANDU
Les quelque 400 réacteurs nucléaires en exploitation à travers le monde en 2017 ont fourni 11,5 % de la production mondiale d’électricité, derrière les combustibles fossiles et l’hydraulique. En 2017, le Canada a occupé la 6e place (4 %), derrière les USA (32 %), la France (15 %), la Chine (8 %), la Russie (7 %) et la Corée du Sud (6 %). Sa production, qui représente 15 % de la production canadienne d’électricité (derrière l’hydraulique [60 %]), est assurée par 22 réacteurs nucléaires répartis sur cinq centrales, situées en Ontario (Darlington – 3512 MégaW, Bruce A + B – 6232 MégaW, Pickering – 3100 MégaW) et au Nouveau-Brunswick (Point Lepreau – 705 MégaW). La renommée mondiale du Canada en termes d’énergie nucléaire tient aussi à sa technologie nucléaire unique (CANDU – CANada Deutérium Uranium) qui recourt à de l’uranium naturel (et non enrichi) ainsi qu’à de l’eau lourde (et non ordinaire) comme réfrigérant. C’est ainsi que l’on retrouve plus de 34 réacteurs CANDU à l’échelle mondiale, notamment en Chine, au Pakistan, en Argentine, en Inde, en Roumanie et en Corée du Sud.
Impacts environnementaux discutables
Une fois posée la question de l’impact environnemental, les esprits s’échauffent… sans mauvais jeu de mots. Certaines études démontrent que la filière nucléaire totale (construction, extraction, exploitation et déclassement) représente une des technologies les plus propres, avec chiffres à l’appui : 4 g de CO2 émis par kWh pour l’hydraulique, 16 g pour l’énergie nucléaire, 469 g pour le gaz naturel et 1001 g pour le charbon (source : Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat, 2011). Des prévisionnistes avancent même que les émissions carboniques pourraient baisser de 22,2 % si toutes les centrales au gaz naturel et au charbon étaient remplacées par des centrales nucléaires – l’équivalent du retrait de la moitié des voitures en circulation dans le monde (520 000 000). À l’inverse, de nombreux experts et citoyens s’inquiètent – à juste titre – des conséquences désastreuses qu’occasionnent les accidents nucléaires (Tchernobyl en 1986, Fukushima en 2011) et les déchets radioactifs sur la santé de l’homme.
Formidable source d’énergie pour la planète depuis plus de 80 ans, l’uranium impose malgré tout aux dirigeants internationaux un véritable dilemme sur la poursuite – ou non – de la filière de l’énergie nucléaire, compte tenu de ses impacts environnementaux à la fois positifs et négatifs.
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