À l’instar des jours, les révolutions se suivent, mais ne se ressemblent pas. Peu de points communs en effet entre la mécanisation des années 1780, l’électrification de la fin du 19e siècle, l’électronique des années 70 et l’industrie 4.0 d’aujourd’hui. Toutefois, toutes ces révolutions apportent leur lot de découvertes, d’espoirs, mais aussi d’inquiétude et d’inconnu. Comment les entreprises canadiennes et leurs salariés gèrent-ils l’arrivée de l’intelligence artificielle et des big data?
Les nouvelles technologies au service de la compétitivité
Encore appelée usine intelligente, cette révolution est née d’une réflexion portant sur l’avenir du secteur manufacturier et, plus précisément, sur les façons de le rendre toujours plus productif et flexible. Autrement dit, l’entreprise doit pouvoir répondre aux attentes du client avec toujours plus de personnalisation, de rapidité et en limitant les coûts. L’heure n’est plus à l’automatisation d’un seul processus (industrie 3.0), mais bel et bien à la numérisation de tous les actifs de l’entreprise (industrie 4.0) – des fournisseurs jusqu’aux consommateurs. C’est ainsi que la connectivité des objets et des équipements ainsi que le traitement massif des données (big data) permettent de créer une intelligence, dite « artificielle ». Cette transformation numérique ne se limite donc pas aux seuls processus de fabrication, mais concerne les modèles d’affaires, les modes de gestion ainsi que la main-d’œuvre.
Frilosité des entreprises canadiennes
Entreprendre le virage du numérique est primordial pour rester compétitif face aux faibles coûts de production des entreprises asiatiques et à la grande capacité d’adaptation des pays émergents. Or, d’après le cabinet Deloitte, « les entreprises canadiennes sont à traîne, car 87 % d’entre elles ne sont pas totalement (35 % aucunement) préparées à faire face à l’arrivée des technologies de pointe ». Estimant avoir déjà atteint leur maturité technologique ou peu convaincues des avantages réels de la numérisation, les entreprises canadiennes sont peu nombreuses à investir les fameux 7 à 9 % de leur chiffre d’affaires pour rester dans la course. C’est ainsi que l’investissement moyen d’une PME dans les nouvelles technologies est de moins de 100 000 $, alors qu’il devrait être de 261 000 $. La survie de l’entreprise pourrait en dépendre.
Les salariés au cœur de l’usine du futur
Toute révolution industrielle engendre une certaine inquiétude légitime chez les salariés. Il est d’ores et déjà acquis que les postes qui nécessitent un faible niveau d’expertise sont davantage menacés que les autres. De même, comme le souligne Carolyn A. Wilkin, première sous-gouverneure de la Banque du Canada, « les travailleurs dont les compétences sont complémentaires aux nouvelles technologies pourraient s’en sortir beaucoup mieux que ceux dont les tâches seront transférées à des machines ». La solution passe par la formation des salariés et le recrutement de nouvelles compétences. Mais lesquelles? Curiosité intellectuelle et aptitudes numériques (réseaux sociaux, applications Web, appareils mobiles) pour tout salarié de l’entreprise, créativité et innovation pour les dirigeants commerciaux et les cadres supérieurs afin de comprendre l’environnement changeant. Et les fonctions qui auront le vent en poupe encore longtemps? Assurément, la gestion et la sécurité des données, le développement de logiciels, la programmation, la science des données, l’interaction homme-machine, ou encore l’analytique.
Quoi de plus normal que de s’inquiéter des effets de la révolution 4.0, qui semble nous réserver bien des surprises. Toutefois, à l’image de Kennedy qui demandait aux Américains ce qu’ils pouvaient faire pour leur pays, et non pas ce que le pays pouvait faire pour eux, pourquoi le salarié ne se positionnerait-il pas en tant qu’acteur, et non spectateur, de cette 4e révolution industrielle?
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