La colonisation de Mars par les Émirats arabes unis : mirage ou miracle?

Conscients que leur économie ne devrait plus être basée uniquement sur les revenus du pétrole, les Émirats arabes unis (ÉAU) se sont mis à regarder les étoiles, ou plutôt Mars. En se fixant l’objectif démesuré d’y installer une colonie habitable en 2117, le pays non seulement veut jouer dans la cour des grands, mais espère surtout développer des technologies de pointe qui pourront être exploitées sur Terre. Ont-ils les moyens de leur ambition? 

Une folle ambition affichée

Avec son programme Mars 2117, les Émirats arabes unis veulent être la première puissance spatiale régionale, mais aussi le premier pays à coloniser Mars. D’ici là, la première grande étape sera la mise en orbite de la sonde Hope – conçue pour l’occasion – programmée pour début 2021. Pourquoi cette année-là ? Car en 2021, il y a un véritable… alignement des planètes : le pays fêtera son 50e anniversaire et la distance entre les planètes bleue et rouge sera la plus courte (il faudra attendre deux ans avant que ce phénomène se reproduise). C’est ainsi que les ÉAU prévoient envoyer leur engin spatial en juillet 2020 pour une mise en orbite quelque 200 jours plus tard. Objectifs de la mission : cartographier l’atmosphère, comprendre les dynamiques du climat, déterminer comment les couches météorologiques en surface modifient la haute atmosphère et étudier pourquoi Mars perd son oxygène et son hydrogène.

Un pragmatisme à en faire pâlir certains

Fraîchement créée en 2014, l’agence spatiale des Émirats arabes unis a déjà collecté 5,2 milliards de dollars. Quant à la destination des fonds, les idées ne manquent pas! Près de 136 millions de dollars devraient être affectés à la création de Mars Science City, soit une ville martienne dans le désert sur 177 000 km2, constituée de plusieurs dômes qui abriteraient des laboratoires dans lesquels, pendant un an, des scientifiques s’affaireraient à trouver des solutions pour créer de la nourriture, de l’énergie et gérer les réserves d’eau sur la planète rouge. Côté équipement, l’heure est à la conception de la sonde martienne Hope qui, pas plus grosse qu’une voiture, devra contenir le matériel pour analyser l’atmosphère (imageur, spectromètre à infrarouge et spectromètre ultraviolet), pour assurer l’autonomie de l’engin (batteries, trois panneaux solaires de 60 watts), pour lui procurer une certaine intelligence (logiciels qui permettront à la sonde de prendre ses propres décisions pour corriger sa trajectoire par exemple), à défaut de pouvoir être guidée directement depuis la Terre en raison des 13 à 20 min que prendra tout signal pour parcourir la distance entre ces deux planètes.

En 2016, on a recensé une quarantaine de sondes, d’atterrisseurs ou d’orbiteurs envoyés vers Mars, et ce, depuis le début des années 1960. Alors, Hope sera-t-il juste le 41e engin spatial orbitant autour de la planète rouge, ou annoncera-t-il le début d’une ère nouvelle dans la conquête spatiale avec l’arrivée d’un grand joueur qui pourrait concurrencer les États-Unis, l’Europe, les Russes et dont les retombées technologiques de ses missions pourraient rejaillir, à moyen et à long terme, sur les économies occidentales?

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