La nouvelle route de la soie : projet nostalgique ou visionnaire de la Chine?

Lancée en 2013 par le président Xi Jinping lors de sa prise de pouvoir, l’Initiative ceinture et route (ICR) a pour objectif de ressusciter la mythique route de la soie entre la Chine et l’Europe, moyennant la construction d’infrastructures dans près de 70 pays. Mais que se cache derrière ce projet titanesque qui concernerait un tiers de l’économie mondiale et deux tiers de la population mondiale? 

 

Un projet au service d’une ambition démesurée
Le projet chinois Yi dai yi lu vise à investir massivement sur près de 70 pays d’Asie, d’Afrique et d’Europe, dans des constructions de routes, de chemins de fer, de ports, de viaducs… afin de relier l’Empire du Milieu à l’Europe. Pourquoi s’impliquer dans un tel projet pharaonique, dont le montant est estimé entre 1000 milliards et 8000 milliards de dollars (dépendamment du niveau de remise à niveau des infrastructures existantes), et qui nécessite des stratégies de financement complexes telles qu’une banque de développement réunissant une soixantaine de pays? C’est moins par nostalgie de l’époque de la dynastie Han que par souci hégémonique. Promise à devenir la première économie mondiale d’ici quelques années devant les États-Unis, la Chine doit mener une politique de grands travaux afin de compenser le ralentissement économique que l’on commence à percevoir sur les marchés financiers. Quoi qu’il en soit, le président Xi Jinping ne serait pas contre devenir le maitre du monde dans différents domaines. D’une part, sur le plan économique, ces 7000 projets permettraient aux entreprises chinoises de pouvoir compter sur des relais de croissance à l’étranger, mais aussi d’exploiter les ressources naturelles mondiales et d’en contrôler l’acheminement. D’autre part, au niveau politique, la Chine pourrait montrer aux civilisations occidentales que son régime centralisé et fort permet de mener des projets de grande envergure et que son mode de fonctionnement pourrait inspirer certaines organisations mondiales.

 

Une route semée d’embûches et de risques
Lancée il y a quelques années, l’Initiative ceinture et route est supposée être aboutie en 2049, pour le 100e anniversaire de la création de la République populaire de Chine. Même si une bonne marge de sécurité semble avoir été prévue… des difficultés de divers ordres sont déjà à déplorer et risquent de ralentir le rythme fixé par les autorités chinoises. En Indonésie, un contrat signé en 2015 pour un chemin de fer à grande vitesse a été retardé pour des raisons politiques. En Thaïlande, ce sont des difficultés de financement qui entravent l’avancement du projet. Au Laos, c’est la réticence des habitants à financer une ligne ferroviaire dont le coût (7,5 milliards de dollars) représente 50 % du produit intérieur brut du pays qui ralentit la construction. Au Pakistan, ce sont les attaques d’ingénieurs chinois et l’explosion de trains qui remettent en cause le contrat de 46 milliards signé avec la Chine. À ces différentes difficultés s’ajoutent les risques environnementaux. Un rapport du Fonds mondial pour la nature mentionne que l’ICR pourrait déstabiliser plus de 1700 zones pour la préservation de la diversité – lesquelles abritent 265 espèces menacées et près de 40 sont en danger critique d’extinction – et aggraver les émissions de gaz à effet de serre en raison des investissements conséquents dans les oléoducs.

Il est indéniable que l’Initiative ceinture et route répond à des ambitions hégémoniques, tant sur le plan commercial que politique. Et si la Chine profitait d’être à la tête de ce projet pour devenir un exemple de développement responsable en s’imposant le respect de normes environnementales strictes?

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