Face à des perspectives de croissance exponentielle du trafic aérien dans les années à venir, les aéroports du monde entier cherchent à améliorer la gestion des flux des passagers tout en maintenant un niveau de sécurité élevé. Avant de découvrir quelques-unes des innovations technologiques mises au service des aéroports, découvrons les projections de croissance du secteur et les principaux défis à relever.
Des projections à assumer, des défis à relever
Alors que le nombre de passagers était en 2017 de quatre milliards, il devrait presque doubler d’ici 2036 pour franchir la barre des 7,8 milliards, d’après l’Association du transport aérien international (IATA). Plus de 50 % de cette augmentation devrait provenir de la région Asie-Pacifique, et les États-Unis pourraient, en 2022, être supplantés par la Chine qui représenterait alors le premier marché aérien. Ces données pourraient évoluer au gré des politiques commerciales et migratoires : avec un renforcement du protectionnisme commercial associé à une restriction des voyages, les 7,8 milliards tomberaient à 6,8 milliards, alors qu’une accélération du libéralisme ferait grimper le nombre de passagers à 12 milliards en 2036. Fort de ce constat, le directeur général de l’IATA, Alexandre de Juniac, estime que cette nouvelle « est formidable sur le plan de l’innovation (…) mais représente un énorme défi pour les gouvernements et l’industrie ». Chacun, en effet, y voit des points à améliorer : pour Edward Arkwright, directeur général du Groupe Aéroport de Paris, les principaux « points de friction sont le temps passé au dépôt de bagages, lors du contrôle de sécurité et au moment du passage aux frontières ». Quant à Kjeld Binger, directeur général de l’aéroport d’Amman en Jordanie, il souhaiterait remplacer le papier (ticket de stationnement, passeport, carte d’embarquement, étiquette à poser sur le bagage…) par une puce qui, d’après lui, est loin de voir le jour en raison des réticences culturelles.
À l’heure des tests et des déploiements
Parmi les technologies déployées pour faciliter la gestion des flux des passagers et assurer leur sécurité, la biométrie semble se démarquer, comme l’illustre une récente étude qui révèle que près d’un tiers des aéroports du monde entier envisage d’investir dans cette technologie d’ici les cinq prochaines années. C’est ainsi qu’EasyJet teste actuellement les portes d’embarquement biométriques à l’aéroport de Gatwick à Londres, après avoir équipé celui de Dubaï, de Mexico et d’Helsinki. Dans cette même veine d’identification des individus grâce à leurs caractéristiques biologiques, la reconnaissance faciale a été testée en septembre 2018 à l’aéroport métropolitain de Détroit en partenariat avec le Bureau américain des douanes et de protection des frontières. Certains aéroports songent à déployer des tunnels électroniques que les passagers emprunteraient afin de déceler toute trace d’explosif, de scanner leur corps et de comparer les informations avec celles des fichiers antiterroristes. Quant à l’aéroport d’Abu Dhabi, plus de 450 capteurs ont été installés aux terminaux 1 et 3 afin d’aider le personnel aéroportuaire à gérer les files d’attente tout en maintenant un service de sécurité de qualité. Enfin, les capsules connectées, développées par le slovène Grega Mrgole, a pour but de satisfaire les nombreux passagers en correspondance (10 % des voyageurs, dont 2 % ont un vol annulé ou en retard). Quoi de mieux alors que de rejoindre cette capsule afin de s’y détendre ou travailler dans un univers idéal (son, odeur, climatisation, Internet à haut débit…).
En misant sur la technologie et notamment sur le partage des données, les aéroports parviendront à simplifier le travail d’une vingtaine d’intervenants (police, personnel au sol, douanier, bagagiste…) que rencontre le passager. Toutefois, les professionnels ont-ils pensé aux limites de cet univers ultra-informatisé (passager sans téléphone intelligent, attaque informatique…)?
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