La guerre que se livrent les États-Unis et la Chine cache des enjeux autrement plus complexes et stratégiques que celui de la simple balance commerciale. Quand le challenger veut prendre la place du leader, les résultats ne se font pas attendre, surtout quand les pays sont gouvernés par deux caractères bien trempés.
Une Chine ambitieuse
Il y a trois ans, Xi Jinping a lancé son plan « Fabriqué en Chine 2025 » afin que son pays occupe la première place mondiale sur les plans de la technologique, de la robotique, des télécommunications ou encore de l’intelligence artificielle. Un des stratagèmes utilisés semble être le vol de propriété intellectuelle qui s’opère de différentes manières : espionnage aux États-Unis (comme le dénonce le FBI), tentatives de rachat de sociétés américaines (exemple, Micron en 2015) ou de partenariats étrangers – avec la société taiwanaise Jinhua en 2018 –, obligation d’entrer dans le capital de toute société étrangère souhaitant s’implanter en Chine ou d’effectuer des transferts de technologie pour accéder au marché chinois. Arrivé au pouvoir, Trump a dénoncé ces manœuvres frauduleuses sur la scène internationale et a répliqué en interdisant de vendre des produits américains en Chine (l’arrêt momentané de la vente de composants électroniques à ZTE aurait pu être fatale pour l’entreprise chinoise) et en enjoignant les pays occidentaux à boycotter les produits de certaines entreprises chinoises. Dans le viseur : le géant chinois des technologies Huawei qui compte bien gagner la bataille mondiale du 5G, déterminante pour les applications civiles (connexion des objets, villes intelligentes, vidéosurveillance, voitures autonomes) et militaires de demain.
La détermination des États-Unis
Contrairement à ce que l’on pourrait croire, la guerre technologique n’a pas débuté sous l’ère Trump. Déjà, en 2012, les États-Unis avaient banni les produits Huawei, accusant l’entreprise d’espionnage massif et de « menace pour la sécurité nationale américaine ». Le ton est monté d’un cran en 2018 avec l’arrestation par le Canada, à la demande des États-Unis, de la fille et directrice financière du fondateur d’Huawei, pour non-respect par l’entreprise de l’embargo sur l’Iran. Sans compter la campagne du président américain de dissuader les pays de recourir à Huawei pour le réseau 5G : appel déjà entendu par l’Australie, le Japon, la Nouvelle-Zélande qui ont décidé de bannir l’équipementier chinois. Ce cas s’inscrit dans un plan d’action américain, dicté par le président Trump, très précis visant à obtenir la cessation des « pratiques commerciales injustes », la réduction du déficit commercial entre les États-Unis et la Chine (estimé à 323,3 milliards en 2018), ainsi que la protection des emplois sur le territoire américain. Pour ce faire, le président Trump impose des hausses de tarifs douaniers (+ 25 % sur les importations d’acier chinois, + 10 % sur l’aluminium) et menace de surtaxer 250 milliards de dollars supplémentaires d’importations chinoises si aucun accord n’est signé (initialement prévu le 1er mars 2019). Pour l’heure, la Chine octroie beaucoup de concessions en ouvrant davantage son marché aux entreprises étrangères de divers secteurs d’activité et en important davantage de produits en provenance des États-Unis (soja, gaz…).
Qui sortira vainqueur de cette guerre technologique? Combien de temps durera-t-elle? Quels seront les dommages collatéraux? Espérons que cette guerre du XXIe siècle d’un genre nouveau n’aboutira pas à des conflits mondiaux comme ceux qui ont sévi dans la première moitié du XXe siècle.
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