Le temps semble enfin être venu pour les contrôleurs aériens de moderniser leurs systèmes de communication avec les pilotes. Alors que les innovations étaient rares dans cette profession pendant plus de 60 ans, elles se font dorénavant pressantes pour répondre au trafic aérien qui n’a de cesse d’augmenter, faute notamment d’une insuffisance de construction de nouveaux aéroports.
Portrait de la situation actuelle
Le rôle du contrôleur aérien est crucial. Du haut de sa tour de contrôle de la circulation aérienne, il donne les autorisations de décollage et d’atterrissage aux pilotes ainsi que celles de roulage vers, ou en provenance, de leur poste de stationnement. Pour ce faire, il s’appuie sur le système radar (avant-gardiste durant la Seconde Guerre mondiale) ainsi que le système de radar secondaire, qui fonctionne à partir de transpondeurs, lesquels sont installés sur les avions et envoient une réponse lorsqu’ils sont interrogés par radio. Ce dispositif permet donc aux aéronefs d’être identifiables par les radars et d’éviter les collisions. Toutefois, ces procédés ne permettent pas toujours de régler la complexité des problèmes auxquels est confronté le contrôleur aérien : vision obstruée par la présence de divers bâtiments ou par de mauvaises conditions météorologiques, communication altérée par des véhicules aériens sans pilote (exemple : drone) dont la latence du réseau de communication est à déplorer. Fort de ce constat, le secteur aéronautique se donne les moyens technologiques innovants afin que les contrôleurs aériens soient en mesure de gérer un trafic en croissance constante dans un souci permanent de sécurité.
Des moyens à la hauteur de l’enjeu
En se basant sur la connectivité, le contrôle aérien se dote de nouveaux systèmes informatiques afin d’offrir à son personnel des informations toujours plus précises dans un délai toujours plus court, à partir d’outils de communication, de navigation et de surveillance.
Les informations concernant chaque vol (vitesse, altitude, destination, indicatif d’appel…), qui étaient recensées sur des fiches de progression de vol par le contrôleur aérien à l’issue d’une conversation téléphonique avec le pilote, peuvent être maintenant récupérées automatiquement grâce au système étendu d’affichage informatisé (EXCDS). L’aéroport de Londres a été le premier à déployer ce système en mars 2015, et a permis de réduire la charge de travail du contrôleur aérien qui peut davantage se concentrer sur la phase d’approche qui s’en trouve facilitée grâce aux diverses informations collectées. De plus, certains aéroports – tels que celui de Singapour et de Londres – se sont dotés de tours numériques à distance pour optimiser la visibilité. C’est ainsi que des mâts équipés de caméras et de microphones transmettent à une tour de contrôle, pouvant être situés à plusieurs centaines de kilomètres, des données – voire des images augmentées de balises radar par exemple.
Grâce à la collecte automatisée de données, le nombre de collisions diminue (amélioration de la communication entre pilotes), les phases de décollage et d’atterrissage sont plus précises (contrôleur aérien est déchargé de certaines tâches), la consommation de carburant est réduite (analyse et redéfinition des trajectoires…) Toutefois, rappelons-nous que cette informatisation croissante peut faire le jeu des pirates informatiques et que des dispositions doivent être prises pour éviter que ces cyberattaques mettent à mal, ne serait-ce que pendant quelques heures, tant d’efforts.
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