Influant autant sur la direction, la puissance, la consommation ou encore l’acoustique, le pneu est une pièce maitresse sur laquelle les équipementiers automobiles redoublent d’efforts et de créativité pour faire face aux exigences des conducteurs et aux contraintes environnementales.
Pneu vert
Même si le pétrole ne représente qu’un seul des 200 composants du pneu, sa pondération est suffisamment importante dans les caoutchoucs synthétiques pour que les équipementiers aient décidé de se tourner vers des composants verts : huiles végétales de soja pour Goodyear, latex végétal provenant du guayule pour Pirelli et Bridgestone, copeaux de bois pour Michelin ou encore pissenlit pour Continental. Depuis le recours à ces solutions alternatives, plus de 10 milliards de litres de carburant auraient été économisés. Certains ont des objectifs très ambitieux, à l’instar de Michelin qui a annoncé souhaiter que d’ici 2048 ses pneus soient composés à 80 % de matériaux renouvelables et recyclables à 100 %, sans oublier son projet de bandes de roulement superposées pour réduire la consommation des camions d’un litre au 100 (soit environ 1000 litres par an). La palme revient peut-être à Continental qui construit un centre de recherche (50 millions de dollars) sur la sève de latex de pissenlit russe qui, cultivable autant en Amérique du Nord qu’en Europe, réduirait aussi l’empreinte carbone.
Pneu connecté
Partant du constat que le pneu était la seule partie de la voiture à être en contact avec la route, il fallait l’équiper de capteurs afin de connaître les conditions de la chaussée (eau, neige, verglas…). C’était chose faite, en 2017, avec Continental qui a développé différentes technologies : ContiSense, qui permet non seulement de jouer sur la mécanique de la voiture en ajustant, par exemple, la suspension en fonction de l’état de la route, mais aussi d’informer le conducteur sur l’état de ses pneus ou de l’arrivée d’une crevaison; ContiAdapt, qui permet au pneu d’adapter sa pression et à la jante sa largeur en fonction des paramètres de la route ou encore d’offrir un moindre point de contact assorti d’une pression supérieure pour une conduite écoénergétique. Quant à Pirelli, les capteurs des pneus de sa Cyber Car envoient à l’électronique embarquée des informations principalement liées aux aides à la conduite, telles que l’ABS. De son côté, Bridgestone facilite le travail des loueurs de voitures qui, depuis leurs tablettes, collectent des informations grâce à la puce RFID insérée dans les pneus.
Pneu déconcertant
L’impression 3D est à la mode, et aussi chez les équipementiers automobiles. Le pneu Visionary de Michelin est un concentré d’innovation : sa semelle est non seulement biodégradable (mélange de bambou, bois, carton, plastique), mais aussi imprimable en 3D. De plus, sa structure alvéolaire résiste mieux aux torsions (diminuant le vieillissement prématuré) et les crevaisons seront évitées, le pneu étant capable de rejeter tout objet suspect. Autre innovation originale : Eagle 360 de Goodyear, un pneu sphérique – et non plus en forme de beigne – qui serait connecté électromagnétiquement à la voiture, offrant ainsi au conducteur une maniabilité imbattable (la voiture pourrait braquer dans tous les sens et se garer très facilement) et une tenue de route nettement améliorée.
Contrairement à ce que certains pourraient croire, le pneu évolue régulièrement. Toutefois, une étape importante est en train d’être franchie actuellement avec l’arrivée du pneu vert et connecté, plébiscité notamment par les millions de nouveaux conducteurs chinois et indiens qui accroissent de façon exponentielle les parcs automobiles.
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