De nombreuses études menées tant par des compagnies aériennes que par des organisations internationales de transport aérien s’entendent sur le fait que le trafic aérien pour passagers devrait doubler d’ici 2035, à raison d’une croissance moyenne de 4, 7 % par an. Derrière ces chiffres se cachent non seulement des disparités régionales, mais aussi des postulats dont certains pourraient être remis en cause.
L’Asie en tête du peloton
Airbus, Boeing, l’Association du transport aérien international ou encore le bureau du transport aérien de l’Organisation de l’aviation civile internationale s’attendent à ce que le nombre de passagers atteigne 7,2 milliards en 2035 contre 3,8 milliards en 2016, et que la moitié de cette augmentation provienne de l’Asie. En effet, ce continent devrait connaître la plus importante croissance du nombre de ses passagers d’ici 2035, à savoir 1,8 milliard pour atteindre 3,1 milliards de passagers au total (soit une croissance annuelle de 4,7 %). En ce qui concerne l’Amérique du Nord, elle pourrait dépasser le cap du milliard de voyageurs en 2035 (1,3 milliard plus précisément), grâce à 536 millions de passagers supplémentaires, mais se verrait devancer malgré tout par l’Europe qui totaliserait 1,5 milliard de voyageurs, grâce à un afflux de 570 millions de passagers supplémentaires. Le continent qui enregistrerait le taux de croissance annuel le plus élevé serait l’Afrique (5,1 %) et totaliserait en 2035 près de 303 millions de voyageurs, soit 192 millions supplémentaires par rapport à 2010.
Quant au Moyen-Orient, son avenir semble très prometteur à en croire les projections des études en termes de croissance annuelle du trafic aérien jusqu’en 2035 : deuxième place pour la région (5 %) et première place pour les Émirats arabes unis (6,3 %).
Causes et limites des projections
L’une des principales causes expliquant l’explosion du trafic aérien mondial est l’urbanisation. D’ici 2030, de nombreuses grandes villes vont croître, mais aussi apparaitre avec, dans leur sillage, la création et le développement de multiples routes long-courrier. Alors que la population mondiale comptait 3,6 milliards d’urbains en 2010, elle passerait à 5 milliards en 2030, principalement tirée par la Chine (600 à 900 millions) et de l’Inde (400 à 600 millions). Cette forte croissance de la population urbaine s’accompagnerait d’une augmentation du poids de l’Asie dans le produit intérieur brut (PIB) mondial : 24 % en 2010, 36 % en 2030. Toutefois, la réalité pourrait être bien différente de ces projections basées sur des postulats discutables. Premièrement, le carburant. Représentant plus de 30 % du coût de l’exploitation, son prix élevé pourrait faire chuter le nombre de passagers, à moins que les biocarburants de 2e et 3e générations soient offerts à des prix compétitifs – ce qui est loin d’être le cas aujourd’hui. Deuxièmement, la concurrence ferroviaire, notamment pour les trajets de 3 h à 3 h 30, pourrait mettre à mal les prévisions du trafic aérien en Europe (élargissement du réseau TGV européen d’ici 2030), en Chine (frustrations croissantes liées au nombreux retard d’avions), au Japon (préférence du train pour les liaisons intérieures). Troisièmement, le protectionnisme. En ces temps qui courent, il serait utopique de penser que la libéralisation du commerce soit la seule voie empruntée. Dans un scénario « protectionniste », la hausse du trafic mondial entre 2010 et 2035 ne serait plus que 2,5 % par année, soit 5,8 milliards de voyageurs en 2035, d’après l’Association du transport aérien international.
Quelles que soient les remises en cause de ces scénarios, il est évident que le trafic aérien connaîtra dans les prochaines années une croissance telle que les diverses parties prenantes de l’aérien doivent s’organiser dès aujourd’hui et que les gouvernements doivent les accompagner devant l’ampleur de la situation.
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