Alors qu’Internet représente, bien souvent, un moyen de communication et de socialisation formidable, il peut devenir un véritable outil d’exclusion pour les personnes présentant une certaine forme d’incapacité. Quelles sont les difficultés informatiques que celles-ci rencontrent dans leur quotidien? Comment les différents acteurs doivent s’ajuster pour rendre l’outil informatique plus accessible?
Incapacités humaines, difficultés informatiques et solutions
En 2012, le Canada recensait 3,8 millions d’adultes – soit 13,7 % de la population adulte – qui éprouvaient une limite dans l’exercice de leurs activités quotidiennes, et pour 25 % d’entre eux, l’incapacité était jugée très sévère. Ces diverses personnes, qui ont une approche à l’informatique et au numérique différente, doivent composer avec le même environnement informatique que les personnes dites valides. Voici quelques adaptations que sont invités à mener les chercheurs, les développeurs informatiques, les politiciens, les formateurs ou encore les intervenants des services sociaux dans le cadre de la Chartre des technologies inclusives, qui date de 2016.
– Audition : les personnes malentendantes ou atteintes d’acouphène et de surdité profonde pourront bientôt bénéficier du gant Brightsign, développé par une doctorante, dont les capteurs sensoriels intelligents facilitent la communication entre entendants et malentendants. Une révolution pour ce public estimé à 466 millions de personnes dans le monde, et donc à peine 70 millions ont recours au langage des signes.
– Vue : grâce aux nouvelles technologies, les personnes ayant des troubles de cécité ou de malvoyance (2,7 % des adultes canadiens en 2012) peuvent bénéficier du terminal Braille, de la synthèse vocale ou encore de la reconnaissance vocale.
– Incapacité motrice : elle regroupe les problèmes de mobilité et d’agilité dont l’origine peut être organique (paralysie cérébrale, sclérose en plaques) ou non organique (traumatisme craniocérébral, amputation, blessure médullaire). La navigation sur Internet sera alors facilitée grâce aux fonctionnalités accessibles sur le clavier (le contrôle de la souris étant plus difficile), à un ordre de tabulation plus logique ou encore à une prolongation ou à une désactivation du délai au moment de remplir un formulaire en ligne.
– Incapacité cognitive : cette catégorie – qui représentait en 2012 près de 3,3 % des adultes canadiens – concerne les troubles d’apprentissage, les déficiences intellectuelles ainsi que les troubles envahissants du développement. Afin d’aider ces personnes en proie à des problèmes d’attention, de mémoire et de vivacité, il est suggéré que les pages Internet soient très organisées autour de titres et de sous-titres, et évitent les graphiques, le contenu animé ainsi que des fenêtres surgissantes.
Outre les adaptations à effectuer sur le Web pour faciliter la vie des personnes présentant un handicap, des améliorations sont également à considérer dans la sphère de l’habitat en général. Courant 2010, monsieur Dany Lussier-Desrochers, professeur en psychoéducation à l’Université de Québec à Trois-Rivières a conceptualisé l’appartement intelligent pouvant accueillir quatre à cinq personnes présentant une incapacité à vivre en totale autonomie. Il s’agit là d’un véritable condensé de petites astuces technologiques pour faciliter et sécuriser la vie des résidents grâce à des adaptations technologiques à leurs problèmes spécifiques. Situé dans les locaux de l’UQTR au Pavillon Michel-Sarrazin, cet appartement intelligent permet, entre autres, de guider ses locataires durant la nuit jusqu’à la salle de bains grâce à un chemin lumineux, de les avertir par un message texte qu’un robinet coule depuis plus de trois minutes (message relayé aux parents après trois tentatives infructueuses) ou encore d’avertir le pharmacien – grâce au pilulier intelligent – qu’une dose anormale de médicaments a été prise.
Ces outils et concepts sont généralement d’une grande aide pour faciliter la vie des personnes atteintes d’une incapacité, même si certaines les perçoivent comme étant discriminants et préféraient vivre le plus possible « comme les autres ».
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