Sixième producteur mondial d’électricité nucléaire, le Canada joue un rôle non négligeable non seulement dans l’exploitation des centrales nucléaires mondiales, mais aussi dans le contrôle du bon fonctionnement des installations canadiennes et de leur programme de démantèlement, le tout sous l’œil aiguisé de la Commission canadienne de sûreté nucléaire (CCSN). Voyons quelle est la situation des centrales nucléaires au Canada avant de découvrir les tâches qui reviennent à un ingénieur en démantèlement.
Les centrales en quelques chiffres
Aujourd’hui, le Canada possède cinq centrales nucléaires réparties en Ontario (Bruce, Pickering, Darlington), au Nouveau-Brunswick (Point Lepreau) et au Québec (Gentilly-2, en période de dormance pour 40 ans depuis 2015). Au total, ce ne sont pas moins de 19 réacteurs nucléaires qui fonctionnent – soit 137 184 heures chaque année – permettant ainsi de produire près de 15 % de l’énergie totale du pays. Fort de ses 200 employés, la CCSN peut accomplir les diverses missions qui lui sont confiées telles que la réglementation du cycle de vie complet des centrales et l’assurance que les activités de déclassement (fermeture ou démantèlement) sont menées selon les exigences de la Loi sur la sûreté et la réglementation nucléaire. C’est ainsi que, en 2016, 4 859 inspections ont été réalisées, 49 534 essais des systèmes de sûreté ont été effectués pour s’assurer de la qualité et de la fiabilité des installations (zéro accident ayant des conséquences sur la santé ou l’environnement n’a été à déplorer). Les plans de déclassement des centrales nucléaires s’échelonnant sur une très longue période (50 ans), la CCSN exige que toute demande d’exploitation d’une nouvelle centrale nucléaire comporte ce document, dans lequel est précisée la méthode qui sera utilisée pour déclasser le site, le moment venu.
Ingénieur en démantèlement
Qu’il souhaite travailler dans une entreprise d’énergie, un bureau d’étude et d’ingénierie spécialisé dans le démantèlement nucléaire ou encore dans une entreprise d’assainissement et de démantèlement nucléaire, notre ingénieur devra démontrer ses compétences en mécanique, en procédés, en génie civil et en électricité ainsi que certaines aptitudes en sûreté, en mesures nucléaires et en déchets radioactifs. Ses missions variées consisteront, notamment, à identifier et évaluer l’état des bâtiments, des équipements et des zones à démanteler; à estimer le niveau de risque; à définir les méthodes et les stratégies de déclassement; à chiffrer le coût de l’opération et à proposer un échéancier; à rédiger et à soumettre un dossier de démantèlement; à se tenir informé des dernières évolutions technologiques en matière de produits, équipements et matériaux; à définir les déchets émanant du déclassement; à planifier une stratégie de la gestion des déchets; à organiser les contrôles de mesure de contamination et d’irradiation; à superviser la réalisation des travaux et, le cas échéant, à coordonner l’intervention de différents prestataires.
Si le nucléaire canadien suit les tendances mondiales, il ne devrait pas être promis à un avenir radieux dans les prochaines décennies, à en croire les données révélées dans le World nuclear industry status : en 2016, timide augmentation de 1,4 % de la production nucléaire mondiale tirée par la production chinoise (+23 %); baisse mondiale du nombre de constructions de réacteurs (68 fin 2013 à 52 mi-2017) et forte propension à abandonner ou à suspendre la construction de réacteurs (91 entre 1977 et juillet 2017). Toutefois, ces nouvelles ne sont pas de si mauvais augure pour l’ingénieur en démantèlement…
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