Pris à son propre piège, l’homme doit dorénavant trouver des solutions pour gérer les déchets de produits qu’il a fabriqués lui-même. Tâche d’autant plus nécessaire que certains déchets ont une durée de vie de centaines d’années (sacs plastiques) ou un effet dangereux sur des centaines de milliers d’années (résidus radioactifs). Brossons un portrait de la situation des déchets avant de découvrir comment le rudologue peut venir en aide à la planète.
Le monde du déchet en quelques chiffres
C’est au géographe français Jean Gouhier que l’on doit le nom de rudologie (rudus : décombre en latin), qu’il situe au « confluent de la géographie, de la sociologie et de l’économie ». Apparue en 1985, cette science a pour objet l’étude et la gestion des déchets. Notre monde en a bien besoin comme l’attestent les chiffres sur le sujet qui révèlent que, dans les pays industrialisés, chaque personne produit en moyenne 400 kg de déchets par an… et ce chiffre peut atteindre 700 kg. Le Canada sort son épingle du jeu avec une moyenne de 225 kg, même si certaines provinces affichent de tristes records : 429 kg pour l’Île-du-Prince-Édouard et 358 kg pour la Colombie-Britannique. Comment expliquer de tels chiffres? Un modèle de société qui, dès la Révolution industrielle, était basé sur la production et la consommation et qui, au XXIe siècle, est tombé dans la consommation de masse, l’économie de l’obsolescence, la préférence donnée au remplacement plutôt qu’à la réparation. Toutefois, tout n’est pas si noir. On assiste à une véritable prise de conscience des pouvoirs publics et du citoyen quant à la façon de gérer nos cadavres économiques : l’enfouissement et l’incinération sont notablement réduits grâce au tri sélectif et, au dernier venu, le « déchet richesse potentielle » qui valorise l’énergie contenue. Autre signe encourageant : la croissance de la population active au Canada investie dans le domaine de l’environnement en général (364 000 salariés) et dans la gestion des déchets en particulier (35 000 personnes).
Un vrai métier pour un authentique problème
La mission du rudologue est de planifier, déployer et contrôler des systèmes de gestion de déchets. Mener à bien un projet nécessite la réalisation de tâches diverses et variées telles que l’identification des déchets, l’évaluation des suggestions de gestion des déchets et du modèle de hiérarchisation (réduction, réutilisation, recyclage, récupération ou élimination) puis le déploiement de la solution choisie, la formation et l’information auprès des clients et des employés, la détermination des procédures et des coûts pour être en conformité avec les règles environnementales ainsi que le contrôle et la vérification des installations. Le gestionnaire de déchets travaillera en partie sur le terrain (recueil d’échantillon, contrôle des installations…) et en laboratoire (analyse des données, recommandations aux clients, recherche…). Il pourra travailler au sein d’un service gouvernemental (municipal, territorial, provincial ou fédéral), d’une société de consultation en environnement, d’une entreprise de gestion des déchets ou encore pour un grand joueur de l’industrie automobile ou des soins de santé, par exemple. Pour accéder à ce poste, le candidat devra avoir étudié en géologie, en biologie, en chimie, en environnement ou encore en maîtrise de l’eau en suivant, idéalement, un programme tel que la gestion des déchets, la gestion de l’environnement, les sciences environnementales ou encore le génie environnemental.
Voilà donc l’homme embringué dans un cycle « fabrication, gestion des déchets », aux antipodes de tout autre écosystème naturel qui ne génère aucun déchet. Grâce à l’ingéniosité du salarié et à l’implication du citoyen, la terre devrait verdir d’ici quelques siècles… Ah, pourquoi ne pas avoir écouté Lavoisier en son temps lorsqu’il affirmait : « Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme ».
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