Le secteur pétrolier et gazier est la deuxième industrie à employer le moins de femmes, après la construction. Cette tendance, bien enracinée dans les mentalités du secteur, est en train d’évoluer tout doucement. Quelle est la situation actuelle? Quelles actions mettre en place pour que les pétrolières et les gazières recrutent davantage de femmes?
Triste palmarès pour les hydrocarbures
Aujourd’hui, le secteur des hydrocarbures emploie directement et indirectement plus de 425 000 personnes au Canada. Parmi ceux-ci, seulement 20 % sont des femmes (11 % dans le secteur de la construction), contre 38 % pour les autres secteurs. N’occupant que 17 % des postes les plus élevés et 1 % des fonctions de PDG, elles sont bien souvent cantonnées à des emplois de bureau (communication, administration, ressources humaines). Le fait de ne pas passer par le terrain ni d’occuper des postes techniques les bloque dans leur évolution de carrière. En effet, embauchées aux mêmes postes que les hommes, elles sont peu nombreuses à atteindre les sommets de la hiérarchie, comme le confirme une étude menée par Boston Consulting Group (BCG) et le World Petroleum Council auprès de 2000 professionnels du secteur pétrolier et gazier de 38 entreprises mondiales. Toutefois, des embauches importantes à venir (55 300 recrutements d’ici 2020) pour pallier les nombreux départs à la retraite (75 % des employés ont plus de 50 ans) et pour accompagner une hausse de production du pétrole, si le baril atteint les 60 à 80 $, laissent poindre une lueur d’espoir dans ce secteur très masculinisé. Le moment de la parité est-il venu?
Comment attirer les femmes dans les hydrocarbures?
Les rares femmes parvenues à se hisser à des postes-clés dans les entreprises pétrolières et gazières font prendre conscience aux hommes qu’il est dommage de laisser échapper des profils féminins brillants et pointus, sous le seul prétexte que les femmes seraient moins flexibles, moins fortes… Diverses actions sont donc développées pour attirer les femmes dans ce secteur. En termes de formation, l’accent est mis sur l’augmentation du nombre de filières techniques et scientifiques, sur la découverte des métiers du secteur aux étudiantes (ExxonMobil a mis en place un programme découverte pour les lycéennes) et sur des partenariats avec des associations regroupant des acteurs sous-représentés (exemple : Women Building Futures). Une amélioration de la formation permettrait aux femmes d’être présentes à hauteur de 35 % – et non plus 20 % – dans les entreprises pétrolières et gazières d’ici 2022. Ensuite, certains pensent à instaurer des quotas afin d’embaucher, chez les nouveaux diplômés, autant d’hommes que de femmes, ce qui permettrait à ces dernières d’avoir une évolution de carrière prometteuse et d’atteindre des postes à responsabilité. De plus, l’arrivée de la technologie permet d’exécuter des tâches à distance (forage), de façon plus sécuritaire et productive (exploration assistée par ordinateur). Ces nouvelles missions nécessitent de nouvelles compétences, notamment en génie informatique, dont les femmes peuvent tout à fait se prévaloir. Enfin, des mesures politiques concrètes telles que celles prises par Harper en février 2014 (accroître la participation des femmes dans l’industrie pétrolière et gazière en Alberta) permettent d’appuyer la cause des femmes qui souhaitent œuvrer et évoluer dans le secteur des hydrocarbures.
Formations adaptées, recrutements de masse, technologie innovatrice, quotas minimaux… toutes les étoiles semblent définitivement alignées en cette décennie pour que la représentation des femmes dans le domaine des hydrocarbures s’équilibre.
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