Lors de la deuxième édition du sommet Tech For Good, les grandes entreprises technologiques se sont emparées de la question de la parité aux postes de direction ou au sein des conseils d’administration. Qu’en est-il sorti? Quel est le portrait de la situation actuelle? Quels en seraient les bénéfices pour l’économie?
Objectif ambitieux
Lors d’une réception à l’Élysée, donnée en mai dernier par le président Macron, près de 25 % des 180 patrons de sociétés technologies numériques mondiales présents à l’évènement ont annoncé vouloir porter à 30 % la représentation de la gent féminine au sein de leurs postes de direction ou dans leurs conseils d’administration d’ici 2022. Alors que le cabinet McKinsey nous révèle que seulement 15 % desdits postes sont occupés par des femmes actuellement, d’importants efforts seront à fournir de la part des IBM, BlaBlaCar, Uber, Huawei, Alibaba, IBM ou encore Qwant de ce monde afin d’atteindre cet objectif ambitieux, lequel permettrait aussi de s’interroger sur l’apport des technologies pour le bien-être de tous, notamment en termes de santé et d’éducation.
Portrait de la situation
Une étude menée en 2016 par Deloitte auprès de 72 000 membres de conseils d’administration, provenant de 7000 entreprises réparties sur 44 pays nous apprend que la présence de la gent féminine dans les conseils d’administration des entreprises TMT (technologie, médias, télécommunications) varie fortement selon les zones géographiques. Alors qu’elle y est bien représentée aux Pays-Bas (21 %), en Suède (30 %), en France (36 %) ou encore en Norvège (38 %), elle est sous-représentée au Japon (3 %), en Corée (2 %) ou encore dans les pays du Moyen-Orient et se situe dans la moyenne haute pour les États-Unis (13 %) et le Canada (19 %). Bien que ce dernier figure parmi les pays chefs de file en matière d’égalité hommes-femmes en 2015, The power of parity : Advancing women’s equality in Canada, une étude réalisée par le cabinet McKinsey Global Institute (MGI) démontre que 45 % des employés de premier échelon sont des femmes; 25 %, des vice-présidentes; et 15 %, des chefs de direction. Parmi les 15 indicateurs étudiés, 7 révèlent des inégalités entre les sexes tels que les postes de direction ainsi que la formation et les emplois dans les filières des sciences, des technologies, du génie et des mécaniques.
Conséquences sur l’économie
Accroître la parité n’est pas uniquement dicté par un objectif moral ou éthique, mais également par un impératif économique. D’après MGI, de telles mesures pourraient augmenter le PIB du Canada de 150 milliards en 2026, soit une hausse de sa croissance de 0,6 % par an. Chaque province en bénéficierait, et notamment la Colombie-Britannique, l’Ontario, le Québec ainsi que l’Île-du-Prince-Édouard. Toutefois, cet impact nécessiterait une augmentation 1) de la présence des femmes dans les secteurs à forte productivité (exemple, les technologies), 2) de leur taux d’activité et 3) du nombre d’heures travaillées.
On constate que les parités les plus élevées proviennent de pays pour lesquels les gouvernements ont légiféré il y a quelques années. Et si, dorénavant, les entreprises prenaient le relais en se fixant elles-mêmes leurs objectifs? Pourrions-nous alors assister à une surenchère d’annonces, pour le plus grand bonheur de la gent féminine?
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